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200% Orchestres

Grande Histoires, petites annonces

- créé le 30 avril 2015 au Bâtiment des Forces Motrices - 2, place des Volontaires - 1204 Genève

Avec l’Orchestre de Chambre de Genève - www.locg.ch
Direction : Arie Van Beek

1er juin 1814, à Genève, la fin d’une période d’occupation française. Une presse quotidienne locale inexistante. Seuls paraissent de manière régulière les Affiches, Annonces et Avis Divers de la Ville de Genève. Cette création mondiale conjointe de notre ensemble et de l’OCG se projette dans la petite histoire, en regard de la grande Histoire. Sur la base des éditions no 42 du 1er juin 1814 et/ou du no 31 du 20 mai 1815 des Affiches, Annonces et Avis Divers de la Ville de Genève, un collectif de compositeurs issu des deux ensembles musicaux puise dans les annonces et avis de ce périodique afin d’en tirer une narration musicale poétique, mettant en avant les réalités et tracas de la vie quotidienne face à cet événement capital de l’histoire de Genève.

PROGRAMME MUSICAL

Entrepreneurs de diligences - Yves Cerf
La lecture de l’annonce des Entrepreneurs des Diligences, adressée au commerce et aux voyageurs m’a tout de suite touché. Souvenirs d’enfance tout d’abord, avec lectures et rêvasseries : diligences, les trois mousquetaires, l’odeur du crottin, les rues encombrées de charrettes et de chevaux et, bien sûr, les cow-boys et les indiens ! J’entendais déjà cela. Le départ le matin, le balancement de la diligence (bien suspendue comme précisé dans l’annonce), le soleil qui tape, l’arrivée dans le
calme de la campagne après la montée vers Frangy, le côté hypnotique du voyage, les chevaux qui peu à peu s’emballent et, plus tard, cette image du passé
qui disparaît au loin. Ce qui m’a touché ensuite, c’est le mot réouverture.
J’ai pensé au CEVA, à la difficulté de se déplacer dans notre région transfrontalière. J’ai pensé à toutes ces lignes de tramways qui existaient avant la Première
Guerre mondiale et qui allaient du centre de Genève à Annemasse, à Gex, à Saint-Julien, à Douvaine, à Chancy… J’ai pensé au train qui faisait la liaison Annemasse-Samoëns jusqu’en 1959…
La pièce est écrite en deux parties. Première partie : le réveil de Genève, la tranquillité… et puis rumeur, trafic, embouteillages et chaos. De nos jours comme il y a deux cents ans, probablement. Une partition qui laisse la place à une direction improvisée. Une (dés)organisation du trafic sonore. Un dialogue de pare–chocs avec blocs d’orchestres superposés.
Seconde partie : départ et voyage vers Chambéry dans la fameuse et confortable diligence. Calme et volupté dans le velours rouge. Et, bien sûr, un galop sur les hauteurs.

Les eaux minérales de Drize - Christophe Berthet
Cette annonce était faite pour moi : je suis né et j’ai grand au bord de cette rivière que l’on nomme « la Drize ». A cette époque, l’eau qui y coulait n’était déjà plus de même nature qu’en 1815. Et, bien qu’elle ait été quelque peu assainie durant ces dernières décennies, je ne me risquerais pas à la boire. De la rivière elle-même je ne connaissais que la partie qui coulait près de chez moi. J’ai donc décidé, avant de commencer à écrire, de la parcourir en entier, d’étudier sa forme, ses courbes, son dénivelé, le débit de ses eaux, de m’immerger dans ses sons et d’enregistrer tout son parcours, de sa source jusqu’à l’endroit où elle disparaît sous terre près de Carouge.
(…de source, il n’y en a pas vraiment, c’est plutôt un ensemble de petits ruisseaux qui se rejoignent près d’Archamps au pied du Salève, pour n’en former qu’un seul un peu en amont de la frontière, et c’est au moment de la franchir qu’elle prend le nom de « la Drize »)
Expérience passionnante d’où sont issues deux heures d’enregistrement. Ce n’est pas tant le son, mélange d’eau, de nature et d’environnement suburbain, qui a été mon point de départ, que le parcours géographique et historique de la rivière, de ce que l’eau – en tant que ressource naturelle – peut susciter comme réflexion, et tout ce qu’elle peut, sans être nostalgique, évoquer de souvenirs en moi.
Pour entrer en matière, j’ai utilisé la thématique d’une miniature que j’ai écrite il y a quelques années pour deux pianos. Librement adaptée et développée pour les deux orchestres, il en résulte une suite en six parties où se côtoient, et s’opposent parfois, des chemins stylistiques différents. Chacune des parties reprend et transforme cette même thématique pour la mener un peu plus loin…

Le Sieur Jean Gallegari - Yves Massy
Curieux destin que celui du Sieur Callegari. Certains historiens lui donnent une vie longue de plusieurs siècles. D’autres lui prêtent même l’immortalité. En 1757, le Sieur Callegari, associé à un certain Casali, dirige la plus importante fabrique de faïences de Ravenne. On retrouve sa trace dans le Journal de Paris du 28 septembre 1812, journal à vocation politique, commercial(e) et littéraire, à l’occasion d’une remise de médaille d’argent, de la main même du Premier ministre français, pour lui témoigner sa satisfaction de l’acte de dévouement et de philanthropie qu’il a exercé en sauvant un homme qui se noyait dans la mer. Il exerçait à l’époque le métier de préposé des douanes à Saint-Nazaire. Le chemin est long et curieux, qui nous l’amène à Genève, quelques années plus tard, en directeur facétieux d’une ménagerie, petit épisode qui vous est conté ce soir. De retour en France, après des années d’errance, le Sieur Callegari se domicilie vers la fin du siècle à Paris. Et l’histoire le perd jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, durant laquelle il se voit spolié de quelques biens dans le Recueil des décisions du Conseil d’Etat statuant au contentieux et du Tribunal des conflits et des jugements des tribunaux administratifs, par un décret du 20 janvier 1940 ordonnant la réquisition d’arbres, en l’occurrence des peupliers, en cause correspondant aux besoins de la Nation.

Appartements à la campagne - Massimo Pinca
Il était une fois… des magnifiques appartements – meublés ou pas – à la campagne. Il y en avait beaucoup et peut-être qu’ils n’étaient même pas si chers ! Confronté depuis mon arrivée à Genève à la « crise du logement », cette composition a été l’occasion, pour sourire un peu, d’esquisser des petits tableaux orchestraux du logement avant la crise qui s’enchaînent en commentant la lecture des annonces immobilières de 1814. Des quartiers tels que Plainpalais, Eaux-Vives, Champel, Montbrillant, Pâquis n’étaient à l’époque que des campagnes et le Centre d’iconographie genevoise conserve beaucoup de beaux tableaux de Genève vue des Pâquis, vue de Plainpalais, vue de Lancy et ainsi de suite. Le matériel thématique de morceau est tiré de l’hymne Aux Enfants composé en 1814 par Jean-François Chaponnière (1769-1856), conservé à la Bibliothèque des Bastions. Cet hymne est joué en entier par le bois au début du morceau et engendre toutes les variations suivantes, dans lesquelles les deux orchestres s’alternent ou se mêlent dans l’accompagnement du texte et des improvisations.

Rue des Belles-Filles - Maël Godinat
En hommage aux nounous et à Solange. Ma pièce commence par quelques rêveries
de nourrisson, suivies d’un doux réveil. Les jeux d’enfants battent leur plein. Puis arrive la nourrice pour la tétée, un petit moment de tendresse. Finalement l’enfant s’endort et replonge dans ses doux rêves.

III - Scherzo - Ludovic Thirvauday
Effets perdus. Le texte me renvoie à une époque, avec ses objets, ses usages et bien entendu à sa musique. 1815. En même temps, cette liste d’effets perdus est des plus hétéroclites. Une cuiller à café, un canari, un petit psaume rouge… Un livre de Mes souvenirs de 20 ans, un mouchoir de poche, une montre d’or à répétition...
Effets perdus. Triant mes archives, je retrouve une page recto-verso d’une pièce inachevée. D’une page perdue, datant de 1996 plus ou moins, souvenir de 16 ans. La musique résonne à nouveau dans ma tête et je me surprends à imaginer une suite. Qui me poursuit. Et qui, finalement, prend forme. Je décide alors d’aller au-delà de cette simple esquisse et de retrouver un style perdu : renouer, le temps d’une pièce, avec mes 16 ans, mais en intégrant dix-neuf ans d’expérience et d’acquis musicaux.
Effets perdus. La pièce se propose de donner la même impression d’une époque, voire d’époques, par des langages identifiables et de les mêler à un moment ou un autre. Ceci est rendu possible par la rencontre de deux univers aux couleurs caractéristiques : un orchestre de chambre dont le répertoire principal est issu des musiques baroque, classique et premiers romantiques ; un orchestre de jazz, avec ses instruments mordants et son univers rythmique et harmonique si riche et caractérisé. III. Scherzo est composée en trois volets : la première section, la plus développée, utilise le langage du début du XIXe siècle, avec une très forte coloration mendelssohnienne. L’orchestration fait appel aux archets classiques, à la flûte en bois et aux cors naturels. Un trio semble vouloir s’imposer, calme et pastoral. Il est interrompu par la deuxième section de la pièce : un bebop tenu par l’ensemble de jazz. Trois solos de saxophones sont encadrés par deux tutti coupés à la serpe. La troisième section, introduite par un ostinato aux altos et aux timbales, semble vouloir rétablir l’ordre du début de la pièce. En vain. Si, à première vue, la musique reprend les contours de la première partie, les sonorités acides et dissonantes s’invitent dans la partition et culminent avec la juxtaposition des deux ensembles, tandis que le thème bebop est hurlé aux bois de l’orchestre de chambre.

Prussien donne leçons d’allemand - Raul Esmerode
M. Wittich, homme de lettres est une suite de fragments musicaux agencés sans
interruption, l’origine est une fugue écrite sans rapport apparent avec ce qui suit, mais qui donne néanmoins le ton général à la pièce. Dans mon idée, la fanfare et l’orchestre de chambre ne font qu’un seul ensemble. La couleur de la pièce est décidément classique, même si j’emploie différentes techniques d’écriture. L’annonce concernant les cours d’allemand proposés par M. Wittich ne fait que me rappeler malicieusement l’immense quantité de choses qu’il me reste encore à apprendre.

MUSICIENS

Arie Van Beek - direction

L’ORCHESTRE DE CHAMBRE DE GENÈVE
VIOLONS I
Girolamo Bottiglieri violon solo
Mélik Kaptan cosoliste
Alexandre Favez
Ahmed Hamdy
Piotr Kawecki
Catherine Plattner
Marianne Puzin
Pascale Servranckx-Delporte

VIOLONS II
Marc Liardon solo
François James cosoliste
Ariel Bühler
Yvonne Cottet
Solange Joggi
Christine Regard

ALTOS
François Jeandet solo
Nathalie Vandebeulque cosoliste
Vasile Draganescu
Robin Lemmel

VIOLONCELLES
Pascal Michel solo
Danila Ivanov cosoliste
Coralie Devars
Delphine Gosseries

CONTREBASSES
Pierre-François Massy solo
José Toyo cosoliste

FLÛTES
Catherine Stutz solo
Eliane Williner

HAUTBOIS
Gilles Vanssons solo
Patrick Marguerat

CLARINETTES
Cindy Lin solo
Eric Völki

BASSONS
Catherine Pépin-Westphal solo
Ludovic Thirvaudey

CORS
Anne Boussard solo
Emmanuel Bénèche

TROMPETTES
Jean-Pierre Bourquin solo
Ivo Panetta

TROMBONE
Pascal Emonet

TIMBALES
Sébastien Cordier

HARPE
Geneviève Chevallier

FANFAREDULOUP ORCHESTRA
Christophe Berthet : saxophone soprano et baryton, clarinette
Marco Sierro : saxophone alto
Yves Cerf : saxophone ténor
Monika Esmerode : cor
Yves Massy : trombone
Ian Gordon-Lennox : trompette
Bill Holden : trompette
Christian Graf : guitare
Maël Godinat  : piano
Jean-Luc Riesen : basse électrique
Raul Esmerode  : percussions
Bernard Trontin : hang
Sylvain Fournier : batterie

Photos - Philippe Clerc

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Playlist

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