MES SEVENTIES À MOI
création le 26 mars 2014 – Salle Communale de Plainpalais - 52 rue de Carouge - 1205 Genève
Dans le cadre du Festival Archipel
Remix est une pièce composée de fragments de mémoire retrouvés. En visitant mes seventies argentines, celles de la naissance de mes influences musicales, il en est sorti une hybridation bien particulière ; j’ai passé au crible des musiques diverses, passant du rock progressif à Puccini. La partition inclut un passé qui est le mien, la mort violente y fait son apparition, fait tristement habituel dans ces contrées-là en cette période. En revivant mes seventies, je n’avais pas pensé que le fantôme de mon frère assassiné allait refaire surface. J’aurais pourtant dû me douter que la rage, la force et la révolte motivaient encore mon engagement politique, musical et artistique.
A cause de ce Remix, j’ai donc remis les pieds dans les sales draps de mon opéra personnel. Luis Naón
Autour de sa pièce, les membres de notre collectif ont créés une série de contretemps tel un commentaire musical en utilisant autant l’écriture que l’improvisation, prenant tout l’orchestre ou seulement une partie.
PROGRAMME MUSICAL
Seven little Ties – Yves Cerf
Sept petits liens avec les années 70’, sept petits liens à improviser et à jouer. Ils sont issus de bribes de la pièce de Luis et de souvenirs qui m’appartiennent. Sept petites fenêtres ouvertes sur les espoirs de liberté de l’époque.
Prélude – Raul Esmerode
Basé sur une série reprenant certains intervalles de septième et de neuvième empruntés à Remix ; c’est une pièce courte en trois parties avec une légère accélération et dans laquelle on peut apercevoir des petits clins d’œils à Webern, Kagel et Ligeti.
Phobies – Christophe Berthet
J’ai souvent le sentiment que ce qui nous marque à l’adolescence nous imprègne à jamais. La mienne s’est passée justement en plein milieu des années 70. Certes il y a eu le rock, le rock progressif, le jazz-rock, plus tard le jazz et le free jazz, …mais j’ai aussi découvert dans ces années là Ravel, Debussy, Bartok, Stravinsky….
Depuis, il y a eu évidement la découverte de beaucoup d’autres mondes sonores qui ont laissé leurs empreintes de manière déterminante ; les musiques orientales, puis certains compositeurs de la fin du 20 ème siècle et plus tard les musiques improvisées et expérimentales.
De toutes ces années de premières influences musicales, il me reste une couleur, un son particulier qui transparaît parfois d’une manière ou d’une autre dans ce que je fais, même si consciemment j’en suis à des lieues.
Il n’est donc pas question de mémoire ni de souvenirs nostalgiques mais bien de réminiscences, de quelque chose qui s’invite de lui-même.
Phobies, pièce écrite en 2009, illustre bien ces impressions de réminiscences. Ecrite initialement à partir d’un texte en forme de boutade répertoriant toutes les sortes de peurs, d’où le titre, cette pièce, donnée ici sans le texte, est un scénario sonore fait de gestes et de textures sonores qui pourraient être empruntés aux musiques expérimentales avec quelques incursions dans les domaines du jazz et des musique contemporaines. Elle est écrite de manière à laisser une grande place à l’interprétation.
Lavoro nero di un cane libero – Massimo Pinca
Mes seventies à moi ont duré très peu, un an et demi environ. Cependant, vingt ans plus tard, c’est sur le classiques du rock que mon esprit musical s’est formé, avant de découvrir qu’il y a aussi pas mal de rock dans la musique classique. Ce morceau est un hommage (caché) aux Led Zeppelin et plus évidemment à Area. A quoi travaille-t-il le chien noir ? Gagnera-t-il en effet davantage de liberté ?
The Man Who Sold the Sun – Maël Godinat
Je suis né en 1981, je n’ai pas vécu ces folles seventies !
Mais, depuis toujours, je trouve que cette décennie est merveilleusement inspirante. Ma composition est un clin d’oeil à David Bowie, entremêlé d’une veille histoire que rapporte Jean-Claude Carrière dans son Cercle des Menteurs : La Lune et le Soleil Farid Uddin Attar, le poète persan, raconte, dans Le Livre divin, que quelqu’un demanda un jour à la Lune :
Quel est ton plus vif désir ?
Que le Soleil disparaisse, répondit-elle, et qu’il reste à jamais invisible.
Mais toi-même, tu ne le verras plus ! Elle réfléchit un instant avant de dire :
Ça m’est égal.
Fripture – Marco Sierro
Inspirée de Fracture de Robert Frip qui a aussi inspiré la pièce de Naón. Partir du morceau pour essayer d’autres possibles…
Remix - Luis Naón
MUSICIENS
Rut Schereiner : direction
Luis Naón : bandes magnétiques
Christophe Berthet : saxophone soprano, clarinette basse
Marco Sierro : saxophone alto
Yves Cerf : saxophone ténor, kena, flûte
Ian Gordon-Lennox : trompette, cor des alpes
Bill Holden : trompette, cor des alpes
Monika Esmerode : cor
Yves Massy : trombone
Vinz Vonlanthen : guitare
Maël Godinat : piano
Massimo Pinca : contrebasse
Ninn Langel : basse électrique
Raul Esmerode : vibraphone, percussion, bandonéon
Bernard Trontin : batterie, hang
Photos - Riccardo Willig