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création le 2 février 2012 – Temple de la Fusterie - place de la Fusterie, 1204 Genève.
Coproduction : Festival de Cuivres, Genève
En côtoyant des musiciens de différentes cultures, bien ancrés dans leurs traditions, que ce soit en musique classique, jazz, musique improvisée ou musiques traditionnelles, j’ai été à chaque fois transporté par l’élévation spirituelle qu’apportait l’acte musical lorsqu’il est fait de manière sincère et avec un total abandon. La musique est une façon de se transcender, d’atteindre une certaine grâce. C’est notamment par leurs hymnes à la gloire de ce qui les entoure que les différentes cultures que j’ai entrevues au cours de mes voyages – physiques et virtuels – m’ont séduit. Porté par mes souvenirs et par l’envie de partager ces moments de contact, aussi fugaces puissent-ils être, avec un monde spirituel fait de beauté, j’ai composé un concert tourné vers le monde, sa diversité et sa richesse musicale, explorant, en les adaptant pour le Fanfareduloup Orchestra, quelques-unes des mélodies d’ici et d’ailleurs. Ian Gordon-Lennox
PROGRAMME MUSICAL
A Cloud On The Turquoise Mountain
Inspiré de San Juan Pueblo Cloud Danse, une danse de la pluie des pueblos du Nouveau-Mexique. Après la pluie, l’éclaircie, puis la Montagne turquoise radieuse.
Ce fut à la lecture des romans de Toni Hillerman, un amoureux de cette région et des gens qui la peuplent, que je découvris le monde des indiens de la région des Four Corners (les Quatre Coins, région où convergent les frontières de l’Utah, du Colorado, de l’Arizona et du Nouveau Mexique). Sa description des paysages de la Checkerboard Reservation (réserve indienne du Damier, ainsi nommée du fait du morcellement caractéristique de ce territoire), des hommes qui y habitent, de leurs croyances et de leurs rites, m’ont fait rêver. J’ai eu la chance, en 2009, de me rendre sur place, et de sentir vraiment comment la nature, les montagnes, le climat, imprègnent et influencent chaque moment de la vie. La puissance du Grand Canyon, une cérémonie du nouvel an, dans l’aube glacée du solstice d’hiver, m’ont donné envie de connaître un peu mieux les mythologies de ces peuples.
Lumières de printemps
Deux pièces modernes de musique traditionnelle japonaise sont à l’origine de cette suite : Haru No Hikari (lumière du printemps), de Nakao Tozan pour deux shakuhachis (flûtes) et Haru No Sayokyoku (nocturne de printemps), de Sozan Chiaki Kariya, pour ensemble de kotos (instrument à cordes). Pour les japonais, les esprits sont partout, dans les arbres, les objets, les animaux, les humains, et ils interviennent dans la vie de tous les jours. A l’écoute de ces deux pièces, comme à la lecture de romans d’auteurs comme Haruki Murakami ou de textes zen, on sent bien cette interaction permanente du visible et de l’invisible. Des visites dans des temples et des sanctuaires à Tokyo et à Kamakura, je garde cette image de lumière du printemps. Ces lieux de culte, comme d’ailleurs les habitations traditionnelles, sont toujours en symbiose avec la nature, comme s’il n’y avait pas vraiment de dedans et de dehors, mais les deux à la fois. J’ai arrangé pour notre orchestre ces deux pièces, en les adaptant à notre instrumentation, tout en tentant de faire passer l’esprit qui les habite.
Hang et Fusterie
Notre batteur Bernard Trontin manie avec bonheur cet instrument de fabrication suisse qui rappelle le steel drum et qu’on appelle le Hang. Les sonorités douces de cet instrument renvoient à un moment méditatif. La masse orchestrale viendra tour à tour soutenir ce sentiment ou faire jaillir les émotions dans un bouquet intense. L’espace créé par l’architecture du temple de la Fusterie, avec sa galerie et sa forme concentrant l’attention sur le choeur, ainsi que l’acoustique réverbérante m’ont inspiré cette création. Avec le Hang au centre et les instruments à vent répartis autour du public et dans la galerie, nous jouerons avec la spatialisation des sons et leur mouvement par des échanges entre le Hang et les cuivres,dans un balancement entre l’intime et l’extraverti. La section rythmique et harmonique viendra dans un deuxième temps se mêler au jeu pour finir dans un tutti foisonnant. Pour l’anecdote, les créateurs de cet instrument qu’est le Hang refusent maintenant de les accorder au tempérament utilisé par nos instruments, car pour eux il doit être utilisé seul, pour la méditation, dans un but quasi mystique. Chaque instrument est unique et son accordage propre se révèle au moment de la fabrication. Par chance pour nous, Bernard Trontin possède un instrument qui a été fabriqué avant que la philosophie de ses créateurs prenne ce chemin. Qu’ils veuillent bien me pardonner l’utilisation du Hang dans ce contexte !
Mont Fuji - sans pareil
Mi-kagura (cérémonie shinto de la cour impériale) est à l’origine de cette pièce méditative pour cor et orchestre.
Je n’ai jamais eu le privilège, bien sûr, d’être invité à cette cérémonie ! En écoutant cette musique, je m’imagine une femme en kimono officiant à une cérémonie du thé. Notre version prend forme avec Monika Esmerode qui, par le son ample et profond du cor, nous fera voyager du palais impérial jusqu’aux cimes enneigées du Mont Fuji.
Caractéristiques du vivant
Mouvement-Respiration-Excitabilité-Croissance-Reproduction-Nutrition-Excrétion
Quoi de mieux qu’une fugue pour représenter le vivant ? La vie qui commence par un fil ténu, mais déjà en mouvement. À l’image de la respiration, ce fil est repris à chaque nouveau cycle, et l’excitabilité créée par le nouvel instrument tisse une toile qui peu à peu se densifie et se complexifie. Cette croissance est nourrie par la reproduction des mélodies qui reviennent sans cesse, semblables ou différentes, se multipliant pour finir en une coda superlative en forme d’excrétion finale. Ou peut-être devrions-nous dire en forme d’expiration finale, car la principale caractéristique du vivant n’est-elle pas qu’il est mortel ?
J’ai composé cette fugue à l’occasion d’un précédent spectacle du Fanfareduloup Orchestra créé autour du recueil de Ben Schott, les « Miscellannées de Mr Schott ». C’est en quelque sorte mon propre hommage au vivant. Une mélodie, un contrepoint, un développement, c’est à la fois organique et mathématique, un peu comme dans la vie. Avec l’addition du très bel orgue du temple de la Fusterie dans cette pièce, c’est véritablement une nouvelle création qui sera jouée.
Holi
Inspiré du Râg Yaman. C’est un chant pour la fête du printemps, de la fertilité et de l’amour – Holi. En souvenir des farces de Krishna, les gens descendent dans la rue et s’aspergent de couleurs.
J’ai participé à cette fête lors d’un voyage au Népal. Il s’agit en quelque sorte d’un carnaval hindou, où les gens de toutes classes sociales peuvent, le temps de la fête, faire fi des conventions et s’asperger de liquides fortement pigmentés sans crainte de représailles. J’ai ensuite été initié en Suisse à l’étude du Dhrupad (style de chant indien classique), ce qui m’a permis d’effleurer la saveur et le sens profond de ces chants ancestraux. Râg Yaman se chante lors de cette fête, et j’ai essayé, à l’image de ce que font les musiciens indiens, de développer une composition originale à partir de l’exposé de ce mode.
Le Vieux Carré
Dans le quartier français de la Nouvelle-Orléans, une cérémonie funèbre qui commence par une marche triste et finit dans une danse endiablée, un exemple du mélange des traditions chrétienne et africaine. C’est aussi un clin d’oeil aux déboires économico climatiques de ce continent dont la patrie du jazz est une victime.
Mes premières notes de trompette, à 10 ans, je les ai poussées avec mon père qui jouait du banjo dans un orchestre de jazz New Orleans genevois qui s’appelait le Vieux Carré. De temps en temps, ils répétaient chez nous et j’avais le droit de me joindre à eux pour quelques morceaux. Cette pièce est un hommage à mon père et à ses compagnons qui ont su me transmettre leur amour de la musique
Musiciens
Philippe Ehinger : clarinette, clarinette basse
Marco Sierro : saxophone alto
Ian Gordon-Lennox : trompette, euphonium, tuba
Bill Holden : trompette, voix
Yves Massy : trombone
Pascal Schaer : trombone, cor des alpes
Monika Esmerode : cor
Christian Graf : guitare
Maël Godinat : piano
Edouard Chaix : orgue
Emmanuel Hagmann : contrebasse
Raul Esmerode : vibraphone, batterie, percussions
Bernard Trontin : batterie, hang
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